Mais à quoi sert la Blockchain !

Une question en point d’exclamation, c’est ce que mérite cette création informatique cachée derrière le Bitcoin. Résumons : en 10 ans, la monnaie virtuelle Bitcoin a rendu riches quelques petits malins.

La Blockchain est le programme permettant d’en régir le fonctionnement. A priori, ça marche bien et certains l’annoncent comme la technologie de notre futur proche ; pourquoi ? Quels sont vraiment les cas d’usage ? Qui s’en sert et qui va l’utiliser ?

Les 5 missions de la Blockchain

Mission n°1 - Fiabiliser les données, l'authentification

La Blockchain est d'abord un grand registre : c'est une base de données conséquente dont chaque enregistrement est considéré comme certain et immuable. L'authenticité vient de la certitude de l'enregistrement. L'objectif est d'enregistrer les consentements de ses visiteurs web concernant l'utilisation des cookies. Ces consentements seront consultables par le système informatique et facilement restituables auprès du régulateur. On appelle cela la preuve de consentement. Le sujet se développe puisqu'à titre d'exemple,  la société bordelaise Chandago gère le même sujet pour des sociétés telles que Fidme ou encore le groupe Figaro.

Mission n°2 - Garantir sécurité et confidentialité : la cryptographie

En termes de sécurité des données stockées et transmises, les entreprises et les gouvernements sont toujours en recherche de fiabilité. La Blockchain intègre naturellement la cryptographie dans son fonctionnement.Ainsi, le centre de Lutte contre les Cybercriminalités Numériques de la gendarmerie nationale gère  l'autorisation de l'utilisation des subventions d'Europol via la Blockchain ; c'est la partie administrative qui est simplifiée.

La Blockchain garantit également la sécurité à tous les citoyens. Visa travaille par exemple à son utilisation pour  optimiser la vérification des données personnelles. En clair, le système sera fiabilisé pour permettre la communication entre un utilisateur et les systèmes informatiques de sa banque. Par la même occasion, ce système permet aux établissements bancaires d'échanger des données clients entre eux tout en respectant les réglementations.

Mission n°3 - Optimiser traçabilité et logistique

La Blockchain partage ses données en temps quasi-réel entre les personnes autorisées. Ainsi, les acteurs d'une chaîne logistique peuvent communiquer beaucoup plus facilement, avec tous les aspects sécurité, fiabilité et authenticité.LVMH a instauré une plateforme du nom d'Aura avec ConsenSys et Microsoft. Son but est de suivre les produits, de la fabrication à la distribution,  afin de limiter le champ d'action de la contrefaçon. On pourrait même imaginer suivre la propriété des produits dans le temps.

D'ailleurs, Christie's a organisé l'année dernière  la première vente aux enchères enregistrée sur blockchain. Il faut imaginer l'importance pour les amateurs d'art d'avoir une certification sans défaut et un historique de l'œuvre le plus fiable possible.L'agriculture connait elle aussi un regain d'attentes en termes de garanties. La Blockchain est la solution trouvée par Ant Financial (filiale d'Alibaba) et Bayer,  associées pour améliorer la transparence et la réactivité des chaînes d'approvisionnement. Le passage de commande sera facilité et le suivi des étapes de livraison sera fiabilisé (pensons à la chaîne du froid ou encore à la provenance datée en fonction des incidents alimentaires).

Côté grande consommation,  SAP a mis en place une blockchain pour  Coca Cola afin de faciliter la mise à disposition d'inventaires internes vers des utilisateurs du groupe et d'obtenir un paiement interentreprises plus rapide. Voilà un cas d'usage qui va intéresser plus d'un directeur financier !

Mission n°4 - Assurer fiabilité de l'information et copyrights

A l'ère des fake news, les messages sont dilués dans un bouillon de désinformation. Des photos notamment sont utilisées pour illustrer des actualités de façon décorrélée. Le piratage est une autre manière d'utiliser l'information numérisée sans contrôle.

C'est pourquoi  le New York Times a lancé avec IBM un projet pilote de blockchain. Cette dernière est pensée pour reconnaître les photos, vidéos et articles partout où ils seraient publiés afin de pouvoir traquer leurs mauvaises utilisations. Concernant les copyrights, la législation du pays d'émission de la propriété intellectuelle s'applique dans le monde entier.

La Blockchain pourrait donc rendre un grand service aux auteurs d'autant plus qu'elle simplifie et accélère les paiements. C'est pour cela que  la société Kodak travaille sur un projet de traçabilité des marqueurs de copyrights assurant le paiement de ses droits à l'auteur.

Mission n°5 - Revêtir le rôle de tiers de confiance

La blockchain présente une résistance toute particulière aux violations. Dans l'immobilier, elle est en passe de devenir un tiers de confiance mais pas sans les notaires. Ainsi, la première vente immobilière française a eu lieu le 25 juin 2019 à Boulogne Billancourt. C'est la start-up  EquiSafe qui a rendu la transaction possible pour les deux promoteurs immobiliers  Valorcim et  Sapeb.

La répartition des parts possédées est gérée directement en « tokens » blockchain. Cette transaction illustre par également l'utilisation de la Blockchain concernant la multipropriété ; tout bien devient scindable en parts, ce que la Blockchain gère très bien.

Les blockchains privées, les blockchains des entreprises ?

Les blockchains derrière Bitcoin, Ethereum et Tezos sont publiques, ce qui amène la notion de transparence, même si les informations sont cryptées. Leur usage est financé par le coût des transactions. D'autres blockchains sont dites "privées", telles que Hyperledger, Quorum et Corda. Elles sont gérées par et pour un acteur (entreprise, particulier) qui devra s'acquitter de coûts de licence et de maintenance.

L'intérêt pour une entreprise serait de bénéficier des capacités de la technologie tout en restant maîtresse de son fonctionnement et des stockages de données.Bien que les blockchains publiques soient hautement sécurisées, le registre reste public. Les entreprises et Etats peuvent souhaiter avoir la maîtrise entière de la visibilité des données . C'est dans ce contexte que les blockchains privées ont un rôle à jouer.

Quel avenir pour la Blockchain ?

Tel un agent secret, la Blockchain est un acteur quasi-invisible mais incontournable de la fiabilité et de la sécurité de l'information dans un vaste panel de secteurs dont nous avons eu un aperçu. Si elle apparaît crédible dans certains contextes, c'est d'abord parce que les autres technologies n'ont pas fait mieux. A ce jour, elle semble ne pas avoir de déperdition. S'il est impossible d'effacer les données et donc de revenir en arrière, on sera toutefois autorisé en cas de problème majeur à revenir au statut précédent ce problème.

En revanche, une blockchain étant alimentée par des applications tierces, il y aura toujours un effort de sécurité à réaliser sur celles-ci.La Blockchain trouve doucement sa place dans le monde de l'informatique. Certaines de ses qualités restent à ce jour inégalées, notamment lorsqu'il s'agit de sécurité et de fiabilité. Demain, sur certains sujets, certaines blockchains tireront leur épingle du jeu.

A la manière du "powered by Intel" sur les ordinateurs, nous pouvons nous attendre à voir un "powered by Ethereum" par exemple. Nous saurons alors que ce nom est gage de sécurité pour nos données personnelles, nos transactions financières, nos contrats de bail, nos paiements, ou encore la provenance de nos aliments.

 

Publié dans La Tribune