Tribe, ces Français partis dans la Silicon Valley pour réinventer la messagerie

La startup Tribe, fondée en 2015, vient de lever 3 millions $ pour poursuivre le développement de son application mobile de messagerie. Objectif pour cette équipe de Français : se faire une place sur un marché concurrentiel où règnent Facebook et Snapchat...

Cyril Paglino n’est pas totalement inconnu du (d’une certaine partie du) grand public. En 2008, alors âgé de 22 ans, il participe et atteint la finale de Secret Story, l’émission de télé-réalité de TF1. L’émission à peine achevée, il utilise ses gains pour se lancer dans l'entrepreneuriat. Il fonde alors Wizee, une plateforme de communication pour artistes, qu’il revend en 2013 à l’agence indépendante Change. Au cours de ses nombreux déplacements, il constate que les applications de messagerie comme Whatsapp, dont il fait pourtant un usage intensif, ne lui permettent pas de communiquer aussi vite qu’il le souhaite. C’est ainsi que naît le concept de Tribe : une messagerie uniquement basée sur la vidéo, une sorte de talkie-walkie revisité à l’ère du smartphone. En Juin 2015, il réunit 3 amis et ensemble ils lancent les premiers développements . Encouragés par les retours positifs des premiers utilisateurs, l’équipe décide de rejoindre la Silicon Valley dès l’automne, attirés par la présence sur place d’investisseurs mais aussi d’un public prompt à tester de nouveaux moyens de communiquer sur smartphone.
 

Une « hacker house » à San Francisco

L’équipe loue une maison à San Francisco, pour y vivre et y poursuivre le développement de Tribe. L’application, au design travaillé, est très simple d’utilisation. Quand on lance l’application, on est face à une grille représentant ses contacts. Pour enregistrer et envoyer une vidéo à l’un d’eux, il suffit d’appuyer sur le contact choisi, et de garder le bouton enfoncé jusqu’à la fin du message. Quand on reçoit un message, il s’affiche en plein écran, et un peu à la manière de Snapchat, il s’efface immédiatement. Mais là où Tribe se distingue de la concurrence, c’est par l’ajout automatique de mots clés en lien avec le contenu de la conversation, qui apparaissent comme des sous titres sur la vidéo.

Par exemple, si un ami vous propose de prendre un café demain matin à 9H00, Tribe insère dans la vidéo un lien cliquable permettant directement de réserver un créneau dans l’agenda de l’utilisateur ; si un message vidéo contient une mention d’un film, Tribe le détecte et propose de visionner directement la bande-annonce. C’est cette fonctionnalité, que l’équipe désigne par le terme de messagerie augmentée, qui permet d’entrevoir pour Tribe une possibilité de monétiser son audience, ce qui est en général difficile dans le domaine de la messagerie. La startup travaille sur un modèle de liens sponsorisés, permettant à un utilisateur d’acheter des produits directement depuis l’application, en prélevant une commission selon le modèle de l’affiliation.
 

L’intelligence artificielle au cœur de nos conversations ?

Mais Tribe n’est pas le seul acteur à croire en l’usage de l’intelligence artificielle pour enrichir nos conversations. Google a ainsi placé son assistant virtuel intelligent, Google Assistant, au cœur de son service de messagerie Allo. Comme pour Tribe, le contenu des conversations est analysé et passé au crible par l’intelligence artificielle. L’assistant est par exemple capable de suggérer des réponses à l’utilisateur, pour lui faire gagner du temps : un ami vous envoie une photo de son chaton ? Google Assistant analyse l’image et propose de répondre « trop mignon ». On peut également converser directement avec l’assistant, en lui posant des questions comme « à quelle heure est mon train ? ». L’objectif pour Google ? Faire de l’assistant le portail unique par lequel les consommateurs accèdent à des services : si je demande à l’Assistant de commander des fleurs, Google pourra aiguiller ma demande vers le prestataire de son choix, moyennant une commission. Difficile pour Tribe de lutter face au géant de Mountain View, mais Cyril Paglino et son équipe sont persuadés qu’ils peuvent arriver à se faire une place dans la Silicon Valley.